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« Je l’affirme haut et fort : la France a tué mon mari. » A l’occasion de l’hommage rendu à son défunt mari à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), au milieu de sanglots étranglés, Harmonie Comyn a dénoncé l’« insuffisance », le « laxisme » et « l’excès de tolérance » responsables, selon elle, de sa mort. Agé de 54 ans, l’adjudant Eric Comyn a été tué à la suite d’un refus d’obtempérer le lundi 26 août, à l’occasion d’un contrôle routier sur l’autoroute A8 à hauteur de Mougins (Alpes-Maritimes).
Les griefs de Mme Comyn ciblent le profil du chauffard accusé d’avoir renversé le gendarme. Déféré dans l’après-midi du mercredi 28 août, ce Cap-Verdien de 39 ans été mis en examen et placé en détention provisoire dans la soirée pour « refus d’obtempérer » et « meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique », un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Selon le procureur de Grasse, il comptait déjà dix condamnations en justice. Une source au sein du ministère de l’intérieur précise qu’il était connu depuis 2006 des services de police pour des violences, mais aussi un refus d’obtempérer avec délit de fuite en 2012, conduite sans permis en 2014 et conduite en état d’ivresse en 2023.
Il avait une nouvelle fois été contrôlé positif pour alcoolémie, quelques heures après avoir tué le sous-officier du peloton de gendarmerie motorisé de Mandelieu-la-Napoule. « Comment cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Combien de morts avant que ces assassins ne soient vraiment punis ? », a demandé la veuve de ce sous-officier, père de deux enfants.
Interrogé le lendemain de la mort du gendarme, le ministre de l’intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, rappelait les chiffres des refus d’obtempérer : « Ils sont très nombreux, en moyenne 25 000 par an. » Dans un rapport publié en avril, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) détaillait leur évolution depuis huit ans. « Le nombre de refus d’obtempérer routiers enregistrés a augmenté entre 2016 et 2021 de 12 % (…), avant de diminuer de 2021 à 2023 de 15 % », pour tomber à 23 100.
La part de ces refus mettant en danger d’autres personnes a suivi la même tendance : le SSMSI en dénombre 3 800 en 2016, 5 500 en 2021 et 4 400 en 2023. « Aujourd’hui, la mission la plus dangereuse qu’on puisse faire, c’est de contrôler des véhicules », assure Grégory Joron, secrétaire général d’Un1té, anciennement Unité-SGP Police-FO. Dans le détail, en 2023, 500 refus d’obtempérer ont gravement mis en danger les forces de l’ordre souhaitant procéder à un contrôle.
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